• J’ai peur de comprendre pourquoi la grève de la SERMAT (service maintenance assistance technique) perdure. Les dirigeants de l’entreprise sont assoiffés de profit et sont prêts à sacrifier l’ensemble de l’économie de notre île pour assouvir leur cupidité. Qu’un entrepreneur cherche à faire du profit, c’est normal. Plus que normal même. Hautement souhaitable. Entreprendre est un métier à hauts risques qui mérite reconnaissance et rémunération. J'ai beaucoup de respect pour les entrepreneurs. Mais il faut savoir raison garder. Si j’ai bien compris l’enjeu du conflit, il s’agit de sacrifier quelques dizaines d’emplois de gens qualifiés sur l’autel du « toujours plus » de profits en les jetant dans notre tonneau des danaïdes du chômage. A ce que je sache cette entreprise n’est pas en difficulté. Si tel est le cas, il nous faudrait alors savoir à quel degré. Or, la transparence ne semble pas faire partie des valeurs des dirigeants. « La société ne communique pas ses comptes », telle est la réponse laconique qu’on obtient en tentant d’y voir un peu plus clair avec Internet. Au moment où le chômage explose, que la création d’emplois ralentit, il ne semble pas urgent d’augmenter le profit d’une seule entreprise au détriment de quelques emplois qualifiés en externalisant la maintenance du matériel de l’entreprise. Un comble pour une entreprise de maintenance et d’assistance technique ! Faut-il rappeler que les gérants de stations-services, des petites entreprises qui ne roulent pas sur l’or, l’ont fort bien compris en maintenant des emplois de pompistes plutôt que d’installer des automates. Pourtant, ils y gagneraient en profit. Dès lors, s’entêter à vouloir licencier quelques travailleurs compétents pour maximiser son profit est irresponsable. Une entreprise comme la Sermat, qui peut facilement verrouiller l’économie de l’île, aurait tout intérêt à se doter d’une charte d’éthique. Une charte pour réaliser que son rôle n’est pas uniquement le profit à tout prix. C’est aussi un rôle social vis-à-vis des 830 000 habitants qui se trouvent pris en otages. C’est aussi un rôle économique majeur de maintien en « vie » d’un grand nombre de petites entreprises qui elles, vont devoir minimiser leurs profits, licencier et disparaître. La Sermat est ainsi devenue une entreprise qui « tue » une multitude d’autres entreprises. Comme une mère qui tuerait ses enfants. Incompréhensible et irresponsable. Notre île a un énorme problème d’emploi et il est indécent d’en sacrifier, ne serait-ce que quelques dizaines pour pouvoir amasser, encore amasser, amasser toujours plus. Respect pour les grévistes. Profond mépris pour les preneurs d’otages.

     

    Charles Durand

     

    Saint-Denis – Le Brûlé


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  •    Un rassemblement de plusieurs milliers de personnes avec leurs véhicules en plein cœur du Parc national. C’était ce jeudi 9 mai au Maïdo. L’administration du Parc n’a pu qu’être informée et donc autoriser, au moins par défaut, l’organisation de cette accumulation de personnes et de véhicules. Un Parc qui s’est révélé plutôt rigoureux avec quelques personnes modestes qui tentent de défendre leurs intérêts. Pourquoi pas? C’est légitime si des dérives sont constatées. Mais les pollutions de toutes natures générées par ce rassemblement religieux du 9 mai sont d’un autre ordre de grandeur que celles d’un petit camion-bar ou d’un cultivateur de géranium hors limites. Pollutions sonores, pollution de l’air, abandon massif de déchets, piétinements et autres désagréments vont agresser la faune et la flore que le Parc se targue de protéger.

       Je n’oublie pas non plus que le Parc va laisser se perpétuer les vrombissements des hélicoptères sans les limiter au strict nécessaire (urgences médicales). Je n’oublie pas que tous les ans, en octobre, pas moins de 5800 randonneurs envahissent, eux aussi, le cœur du Parc. D’autres manifestations sportives de « masse » sillonnent le cœur du parc au fil des ans. Point n’est besoin d’être grand clerc pour comprendre que, une fois de plus, selon que vous serez puissant ou misérable, la loi s’appliquera…au détriment des plus modestes. Dois-je préciser que, étant catholique pratiquant et engagé, en ce jour de l’Ascension, je commémore aussi la « montée au ciel » de Jésus Christ, il y a environ 1980 ans. Mais, Dieu merci, pas dans le cœur du Parc qui, pour moi, est…sacré !

       Alors je me tourne vers « mon » évêque Gilbert pour lui suggérer de rappeler à ses ouailles qu’on n’est pas plus près de Jésus en allant faire du désordre en véhicule à moteur dans le cœur du Parc. « Ça marche » tout aussi bien partout ailleurs. Puisse l’Esprit-Saint lui donner une meilleure inspiration pour l’avenir. Il y a bien d’autres endroits dans notre île pour y rassembler autant de fidèles dévots.

       Quant à l’administration du Parc, il lui faut vite réfléchir à donner un minimum de cohérence à sa façon de gérer ses injonctions. Interdits et autorisations doivent être distribués en fonction des intérêts supérieurs de la faune et de la flore. Certainement pas en fonction de considérations d’opportunité économiques, sportives, religieuses ou autres. Tout comme la célébration de l’Ascension dans les Hauts, les traditions doivent être révisées régulièrement dans une perspective d’avenir. Perpétuer des traditions qui s’avèrent néfastes au seul prétexte que ce sont des traditions n’a pas de sens. C’est même suicidaire pour l’ensemble des habitants de notre île. L’administration du Parc est la gardienne de notre trésor collectif : elle n’a pas à en disposer à sa guise en privilégiant les puissants au détriment des plus modestes.

     

    Charles Durand

    Le Brûlé - Saint-Denis


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  • Ce matin, un petit tangue a pointé son petit nez dans ma cour. Piqué par sa présence insolite, je ne pus m’empêcher de m’exclamer à voix haute : « Mais…que fais-tu là, petit tangue ? ». D’une petite voix fluette, il me répondit : « Vieil homme, je suis venu me réfugier dans ta cour avec ma famille ». Tout surpris de comprendre le langage « tangue », j’engageais la conversation : « Petit tangue, c’est une drôle d’idée de venir s’installer dans la cour d’un vieil homme ! ». Alors, pris d’une logorrhée inextinguible, il débita tout ce qu’il avait sur le cœur : « Tu vois vieil homme, ta cour est très loin de la terre de mes ancêtres, mais ton grillage me protège des chiens du voisinage tout en me permettant de me faufiler entre ses mailles. Nous étions heureux et tranquilles depuis des milliers d’années avec nos amis les paille-en-queue, les papangues, les tuit-tuit et tous les animaux venus se réfugier sur cette terre émergée des abymes sous-marins. Mais toi et tes congénères êtes arrivés et avez entrepris de tuer la nature. Les dodos ont disparu, vous avez tué bien d’autres espèces en défrichant et vous avez amené plein de plantes et d’animaux malfaisants et envahissants. Moi-même, je suis chassé et en voie d’extermination sous prétexte de tradition. La vie dans les Hauts est devenue impossible. Le bruit quotidien des grosses libellules métalliques est terrifiant. Les hordes d’humains qui piétinent nos territoires, surtout en octobre, effraient les oiseaux et nous aussi. Vous provoquez des incendies en faisant du feu en forêt et vos pique-niques sèment des tas de déchets, ça C.MAC-kot. Depuis quelque temps, quelques humains agités brandissent de soi-disant traditions pour perpétuer leurs propres turpitudes. Cultures imprudentes, élevages dangereux, commerces ambulants polluants. Vous ne respectez pas plus l’océan qui nous entoure et vous transformez les côtes en désert naturel, là encore sous prétexte de traditions. Ces traditions C.Mac-kiyaz pour cacher tout C.Mac-krotaz. Alors, tu vois, vieil homme, les endroits où la nature est respectée deviennent rares et vous devez la protéger, nous protéger, vous protéger. Moi, ma tradition de tangue, c’est ce que les premiers hommes ont découvert sur la Dina Morgabin : mais il est bien loin notre paradis ! ». Époustouflé par cette tirade, je mis quelques secondes pour reprendre mes esprits et répondre au petit tangue : « Si je te comprends bien, petit tangue, tu veux dire que quelques intérêts particuliers utilisent des traditions imaginaires pour poursuivre la destruction de la nature en oubliant l’intérêt collectif… ». Mais le petit tangue avait disparu subrepticement dans les calumets.

    Le vieil homme qui parlait à l’oreille des tangues.

    Charles Durand.

    Le Brûlé - Saint-Denis


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  • On a beaucoup parlé des mensonges du nommé Cahuzac, mais est-ce si grave ? Pas vraiment : je dirais même qu’on s’en moque ! Vous l’avez sans doute observé, mais le mensonge est la base de l’action politique. Indispensables promesses faites aux électeurs pour susciter l’espoir. Puis, très vite, confrontation aux réalités qui rendent ces promesses intenables, au moins en partie. Seuls les politiciens qui n’ont jamais été élus n’ont jamais menti. Tous les autres ont menti. Le mensonge fait partie du « job ». Alors pourquoi avoir autant insisté sur le mensonge, le mensonge d’État de Cahuzac. À mes yeux, le plus grave c’est bien plus le vol caractérisé commis par Cahuzac que ses mensonges. Un vol désigné sous les vocables délicats de fraude fiscale ou d’évasion fiscale. Mais un vol à mon détriment, au vôtre et à celui de tous les Français. Et ce voleur n’est ni placé en garde à vue ni placé en détention préventive. Présumé innocent ? Mais passé aux aveux ! Pour quel montant ? Le saura-t-on un jour ? Non, Cahuzac il va s’exposer sur un plateau de télévision : oui, j’ai menti, je m’excuse… Eut-il volé un scooter qu’il serait entre quatre murs ! Dès lors, faut-il s’étonner de la montée des populismes. Selon que vous serez puissant ou misérable : la morale de la fable « les animaux malades de la peste » de Jean de la Fontaine reste d’actualité. Tous nos élus sont de fieffés menteurs : c’est leur compétence première. Mais beaucoup sont voleurs : évasion fiscale bien sûr, mais il existe bien d’autres moyens de détourner l’argent public. Certes, tous ne sont pas voleurs, mais beaucoup le sont…ce qui ne les empêche pas d’être élus et réélus. Avec la complicité de majorités d’électeurs qui le savent pertinemment. Notre République s’honorerait en interdisant à vie tout mandat public aux individus convaincus de vol, public ou privé. On interdit aux pédophiles de fréquenter les enfants. Interdisons aux voleurs publics de fréquenter l’argent public. Avec le bénéfice d’un vaste renouvellement de l’actuel personnel politique en prime.

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis (La Réunion). 


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  • Depuis quelques mois l’entrée du parc de la Providence à Saint-Denis est ornée du panneau de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt. Banal et bien connu. Mais, le panneau de limitation de vitesse planté quelques mètres plus loin vaut le détour. Conducteurs de véhicules surveillez bien votre compteur : la vitesse est limitée à 4 km/h . Pas 10 ni 5, non : 4 km/h très précisément. Un panneau probablement unique à la Réunion. À verser au patrimoine de notre île ! Quand on sait qu’une personne fait déjà 5 km/h en marchant et que les compteurs de vitesse de la plupart des véhicules ne se déclenchent que vers 15 à 20 km/h, on mesure les prouesses qu’il faut déployer pour respecter cette vitesse maximum. Encore heureux que ni radars ni pandores ne soient en embuscade pour verbaliser les pousseurs qui oseraient rouler à 10 ou 15 km/h. L’histoire ne dit pas combien ce superbe panneau a coûté au contribuable pour sa fabrication sur mesure. Quant à sa conception elle a probablement nécessité du temps de fonctionnaire cadre, voire une réunion de travail à plusieurs. On remarquera au passage la dépense bien inutile consistant à repeindre en noir des roues dentées géantes qui s’apprêtaient à rouiller là tranquillement pendant plusieurs siècles. Oui, décidément, nos administrations sont bien trop riches, dépensières et gaspilleuses. Certes, le panneau sur mesure et la peinture ne sont qu’un grain de sable dans la montagne de gaspillages de nos administrations bien trop gâtées. Il appartient à la chambre régionale des comptes d’en mesurer l’ampleur exacte. Et au gouvernement comme aux parlementaires d’y mettre bon ordre.

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis.

    Quand la DAAF se met en quatre.


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