• Les Réunionnais pratiquent deux langues de façon courante et quoitidienne. Sauf erreur de ma part, il n'existe pas de dictionnaire français-créole réunionnais. Certes, on peut trouver ici ou là quelques éléments sur Internet sans garantie d'authenticité. Mais, à ce jour, je n'ai pas trouvé l'équivalent du "dictionnaire kréol-français" d'Alain Armand ou du "grand lexique créole" d'Armand Gunet, mais dans le sens français-créole réunionnais. Cela ressemble trop à un message subliminal : il est utile et important que les créoles sachent traduire leurs paroles et leurs écrits en français alors que l'inverse n'aurait aucun intérêt. Cette absence me frustre beaucoup car je voudrais bien pouvoir utiliser le créole plus souvent. En effet, je suis un Zoréole de longue date puisque 71 % des Réunionnais connaissent leur île depuis moins longtemps que moi (arrivé fin 1965, il y a 47 ans, plus de 573 000 Réunionnais sont nés depuis. N.B. : la pa moin lotèr !). Peu m'importe la graphie utilisée, du moment qu'elle se distingue clairement et nettement du français pour éviter toute confusion. Soit on lit un texte en créole, soit on lit un texte en français. Les lettres k, w et z souvent mises à l'index font bien partie de l'alphabet français tout comme le x, le y ou le q, alors autant les utiliser. Cela ne me gêne pas. Quand au débat sur la soi-disant pauvreté de la langue créole, de quel droit peut-on "classer" les langues les unes par rapport aux autres en nombre de mots ou autres considérations farfelues. Il n'y a pas d'échelle de Richter des langues. Aucune n'est supérieure aux autres. Chacune a son génie propre. Qu'il n'existe pas de traduction pour hémistiche ou allitération ne me semble pas dirimant. Combien de Français utilisent ces mots rares ? Comment traduire zanbrokal, piédri, békèrdklé ou bézèrdpaké ? Par des périphrases. Sa nou lé kapab fé parèy mèm ! Ma gardé mon Tirobert, pa le boug, non, le liv. I di a moin ke in patoi sé in "parler local, dialecte employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le niveau de civilisation sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant". Sa pa nou sa. Il faut arrêter de dévaluer la langue créole, sauf à vouloir humilier une grande partie des Réunionnais qui sont déjà suffisamment en souffrance d'identité. Je demande donc à ceux qui travaillent sur le sujet de ne pas oublier de mettre au point un dictionnaire français-créole réunionnais. Une bonne façon d'honorer la langue de la majorité des Réunionnais.

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis


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  • La France est dotée de 128 Présidents "politiques". Les 101 Présidents de Conseil Général, les 26 Présidents de Conseil Régional…et le Président de la République. Tous ce beau monde se targue à longueur de mandature, de pouvoir décider seul de ce qui ressort de la compétence…de son assemblée. Et le pire, c'est que la plupart des citoyens gobent ce déni permanent de démocratie. Récemment, dans notre île, le Président de la Région s'est autorisé à décider seul de la participation du budget régional aux mesures pour lutter contre la "vie chère". Faisant fi, ainsi, de la commission permanente et de l'assemblée qui l'a élu. Même scénario pour la Présidente du Conseil Général, qui est une habituée : rappelez vous ses déclarations rassurantes pour les ex-salariés de l'Arast mais qui n'ont été suivies que de peu d'effet. Ces "grands chefs" se permettent d'agir en ignorant leurs assemblées, quitte à être désavoués par elles et en profiter pour jouer les Ponce Pilate en affirmant : "Vous voyez pauvres gens, moi je vous défends, mais les élus ne suivent pas !" Quel culot : plus c'est gros plus ça passe. Le summum est atteint au niveau national quand on examine les projets des candidats. Il faut avoir un certain aplomb pour annoncer des mesures dont on sait pertinemment qu'elles dépendent de votes du Parlement. A ce que je sache, rien ne permet d'affirmer que la future Assemblée Nationale, qui a le dernier mot, dans notre actuelle Constitution, ne sera composée que de "godillots" à la botte du nouveau Président. Bien sûr, le Président, aura beau jeu de pointer du doigt le refus d'une Assemblée hostile et de s'en laver les mains…Par ailleurs, les moyens de ne pas respecter la représentation nationale ne manquent pas. Petit florilège. Ne jamais publier les décrets d'application prévus dans une loi : c'est une pratique très courante, d'autant plus intéressante qu'elle permet un effet d'annonce…suivie d'aucun effet. Un exemple concret ? Un article de la loi de simplification et d’amélioration de la qualité du droit, adoptée le 14 avril 2011, impose au service d’eau potable, qu’il soit public ou en délégation, d’alerter ses abonnés lorsqu’une consommation anormale d’eau est observée. Chouette ! Hélas, le décret d'application n'est jamais paru. Tant pis pour les fuites et tant mieux pour les marchands d'eau. Il existe bien d'autres moyens de détourner la démocratie : faire voter des textes et ne pas les appliquer (taux de rémunération du livret A, revalorisation du SMIC, des pensions,…), le plus extravagant ayant été le vote, sous la pression de Dominique De Villepin du CPE, sa promulgation par le Président Chirac et le lendemain, la déclaration publique du même Président demandant à ne pas appliquer cette loi ! Il faut aussi dénoncer les décentralisations qui permettent d'alléger le budget de l'Etat en obérant ceux des collectivités locales en contradiction totale avec les lois votées. Le Président pourra aussi exciper des directives européennes pour s'exonérer de ses promesses ou encore dénoncer la "crise" ou les "financiers". Bref, la démocratie est plus virtuelle que réelle. Il devient urgent et nécessaire d'exiger de tout candidat qu'il distingue ce qui est réellement en son pouvoir de ce qui dépend de votes des représentants des électeurs ou d'autres paramètres. Ceci dit, chaque citoyen adulte peut faire la part des choses et voter plutôt pour un candidat "honnête" - un gros mot en politique – qui ne s'engage que sur ce qu'il est certain de pouvoir réaliser. Le reste restant au stade des bonnes intentions subordonnées au bon vouloir des élus. Il faut être clair !

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis.


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  • Le lundi 16 avril je me rends à l'agence postale du Brûlé pour y poster un petit colis. Il est 10h. La porte est close. Je vérifie sur le panneau : lundi matin, entre 9 et 12h, la poste est ouverte. Raté, ce lundi 16 avril, c'est Poste close. Le contenu du colis étant périssable, je prends ma voiture pour le poster en ville. Sans voiture, les transports en commun du Brûlé étant ingérables avec la rupture de charge au Bassin Couderc, j'aurais mis plusieurs heures pour déposer ce colis. Évidemment, impossible de trouver à la Poste quelqu'un capable de dire pourquoi l'agence est fermée. Ce lundi 23 avril, rebelote. J'ai la mauvaise habitude de confectionner mes paquets pendant la pause dominicale. Désolé. Avant de me trimbaler avec mon colis à l'agence, je vérifie par téléphone qu'il y a quelqu'un. Aucune réponse. Je vais quand même vérifier sur place : c'est bien Poste close. Pourtant le panneau affiche imperturbablement que l'agence est ouverte le lundi matin. Je m'enquiers auprès des personnes croisées aux alentours de cette situation. Leurs réponses me sidèrent. La fermeture du lundi matin est fréquente, c'est bien connu…et accepté. Inacceptable pourtant. Cette façon de faire les choses en catimini par La Poste est devenue intolérable. On est passé d'une ouverture matins et après-midis du lundi au vendredi et samedi matin à une ouverture limitée aux matins du lundi au samedi. Maintenant on nous supprime le lundi matin sans le dire. Bientôt le samedi matin ? Puis le mercredi matin ? Puis la fermeture complète ? Une gestion qui méprise les personnels et les usagers. La dernière employée permanente de l'agence est partie dans un silence assourdissant de la part de sa Direction malgré plus de 40 ans d'excellents et loyaux services. Quant il s'agit de faire de la "com" pour inaugurer une agence nouvelle ou rénovée, la Direction trouve les moyens d'organiser un pince-fesses pour "gros zozos". Notre postière a été "jetée" en retraite comme un papier inutile. Lamentable. Des postiers se suicident, demandez-vous un peu pourquoi ? Le respect humain : un gros mot à La Poste. J'ai un grand respect pour les postiers…mais La Poste est devenue un monstre d'inhumanités. Avec la complicité de la mairie de Saint-Denis en ce qui concerne le Brûlé. "Sak nou la pa fé" comme ils devraient dire en bas. Ce qui nous reste : une agence délabrée, ouverte 5 matinées par semaine, sans automate postal ou bancaire. Les gens des Hauts sont décidément fort maltraités.

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis.


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  • La grande illusion.Les citoyens français sont appelés à désigner leur Président dimanche prochain. La plupart d'entre eux ont l'illusion que ce vote sera décisif pour eux et pour le pays. Illusion soigneusement entretenue par les partis politiques et par les médias qui y trouvent de bonnes raisons d'exister. Et pourtant, on devrait bien se douter qu'un seul homme, aussi intelligent et solide soit-il, ne peut pas tout faire. La société du 21ème siècle est d'une telle complexité qu'elle souffre d'une grande inertie. Difficile de faire bouger les choses sans toucher à une multitude de mécanismes et d'acteurs. On pourrait croire qu'un Premier ministre "aux ordres" entouré de ses ministres pourrait avoir ce pouvoir sur les événements et relayer facilement le pouvoir du Président. Il n'en est rien. De part la Constitution de la Vème République, le Parlement a son mot à dire, même si dans les faits c'est le gouvernement qui décide. Un Parlement qui ne décide qu'en apparence, car la complexité est telle, que seuls des experts en place depuis une longue période peuvent s'y retrouver. De fait, ce sont les hauts fonctionnaires des ministères qui dirigent notre pays. Plus particulièrement ceux de Bercy qui ont la mainmise sur le "nerf de la guerre", les finances. Pour avoir participé à un certain nombre de réunions à Bercy entre 1997 et 2001, je peux affirmer que le vrai pouvoir est détenu par ces messieurs-dames. Ils sont vraiment tout-puissants. Ils peuvent décider de "faire" ce que le Président a voulu. Mais surtout, ils usent de tactiques raffinées et efficaces pour "faire semblant" de mettre en œuvre les annonces présidentielles portées par les ministres. Un véritable pouvoir de nuisance. Leur maîtrise des dossiers et des arcanes labyrinthiques des organismes publics, leurs réseaux croisés et entrecroisés les dotent d'un pouvoir considérable et les rendent intouchables. Ils ne craignent ni sanction électorale, ni sanction administrative (dans le pire des cas, ils sont déplacés). Le sort du pays est entre leurs mains, dans une opacité totale. Alors, à quoi sert le Président ? De fait, à pas grand-chose. On peut, comme le président sortant faire beaucoup de gesticulations pour ravir les médias, quitte à se contredire régulièrement. On peut aussi se montrer plus discret et laisser le gouvernement et le Parlement sur le devant de la scène. N'empêche que les projets de lois, de décrets, d'arrêtés, de décisions, de circulaires, continueront à être concoctés dans l'ombre des bureaux ministériels. L'intervention des politiques devenant purement cosmétique. La politique au sens étymologique du terme a disparu. Dès lors faut-il s'étonner que le choix des électeurs soit plus déterminé par la taille de l'un et le tour de taille de l'autre ? L'élection d'un Président est un choix esthétique de la même eau que celle de Miss France. Soyons sans illusion sur les suites. Mais votons quand même pour un Président qui va représenter la France pendant 5 ans dans l'arène internationale…Pour le reste, les hauts fonctionnaires s'en occupent. Dormez tranquilles, manants !

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis

    1er mai 2012


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  • 26 avril 1969 : à 79 ans, Charles De Gaulle, Président de la République française, se retire de la vie politique.

    Décembre 1980 : à 74 ans, Léopold Sédar Senghor, Président du Sénégal, se retire de la vie politique.

    Fin 1985 : à 63 ans, Julius Nyerere, Président de la Tanzanie, se retire de la vie politique.

    Mi-1999, à 81 ans, Nelson Mandela, Président de l’Union Sud-Africaine, se retire de la vie politique.

    Juin 2012, à 87 ans, Paul Vergès, sénateur de la République française, se retire de la vie politique…mais ça, ce n’était qu’un rêve !

    Charles Durand

    Le Brûlé – Saint-Denis.


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