• Indéfendable RSTA.

    Les feux de l’actualité sur le RSTA sont maintenant retombés et le moment est venu de prendre un peu de recul. Institué par décret le 27 mai 2009 pour une durée bien déterminée allant du 1er mai 2009 au 31 décembre 2012, il a été validé par le conseil général et le conseil régional en avril 2009 sans que son caractère temporaire ne soit remis en cause. Temporaire à durée déterminée, ce qui est notoirement différent des mesures temporaires à durées indéterminées (à l’image des majorations spéciales servies dans la fonction publique). La prolongation jusqu’au 31 mai 2013 n’étant que de la verroterie jetée aux indigènes que nous sommes pour les calmer.

     

    Or, ce revenu supplémentaire d’activité constitue, de fait, une augmentation de salaire déguisée d’environ 10% qui échappe à toute charge sociale. Cette « manœuvre » profite aux employeurs qui voient ainsi diminuer la pression des salariés pour obtenir une augmentation « normale » de salaire et les dispense aussi des cotisations sociales afférentes. D’autre part, ce détournement, légal certes, pénalise les salariés en les privant d’une partie de leurs droits sociaux (retraite en particulier). Le tout aux frais des contribuables. Dès lors, faut-il s’étonner et se plaindre du manque de soutien des syndicats de salariés à des revendications pour le maintien du RSTA ? Certainement pas !

     

    Il faut aussi remarquer que le RSTA est une mesure qui bénéficie à des individus salariés et qui fait fi des revenus de l’ensemble de chaque famille. Avec un effet d’aubaine pour de nombreuses familles comptant deux ou plusieurs salariés. Les cas de familles dans lesquelles une personne est cadre de la fonction publique et l’autre employée du privé gagnant moins de 1,4 fois le SMIC, soit 2002 euros actuellement, sont légion. Non pas que les 100 euros mensuels (en réalité 99,50 euros pour tenir compte du prélèvement à la source de la CRDS) attribués soient superflus. Mais, dans une île où le taux de pauvreté et le taux de chômage atteignent des records nationaux, il n’était vraiment pas prioritaire de compléter certains revenus familiaux consistants (d’autant que le RSTA n’est pas imposable !). Il faut aussi évoquer l’effet de seuil. Ainsi, un salarié qui gagne 2010 euros devra s’en contenter et être taxé au titre de l’impôt sur le revenu sur la totalité de ce salaire. Mais celui « qui a la chance » de ne gagner que 2000 euros verra son salaire complété des 100 euros du RSTA non imposables qui plus est ! Heureusement que les Réunionnais ont appris à adopter des stratégies d’optimisation de leurs droits sociaux depuis plusieurs décennies. Ils ne sont donc pas restés inactifs face au dispositif RSTA. Ainsi, nombre de salariés se sont « arrangés » avec leur employeur pour rester « dans les clous » du droit au RSTA. Dès lors, faut-il s’étonner qu’aussi peu de bénéficiaires aient eu envie de se montrer ? Certainement pas !

     

    Au total, cette mesure démagogique et injuste doit cesser définitivement.

     

    D’autant que la revendication du maintien du RSTA a été portée par un Réunionnais qui sans cacher ses origines, s’est positionné en exemple à suivre pour « sauver » La Réunion comme si les autres Réunionnais en étaient incapables. Personnellement, étant Réunionnais au même titre que Monsieur Mouen, je me suis senti humilié, comme beaucoup d’autres Réunionnais toutes origines confondues. Je crois pouvoir affirmer, après un demi-siècle de séjour ici qu’il y a longtemps que les Réunionnais ne croient plus en l’avènement d’un sauveur miraculeux qui, fut-ce au prix de sa vie, se sacrifie pour eux. Dès lors, faut-il s’étonner qu’aussi peu de Réunionnais aient soutenu l’action de Monsieur Mouen ? Certainement pas !

     

    Il faut quand même noter que quelques récupérateurs démagogiques et populistes de tous bords ont eu ainsi l’occasion de montrer au public leur vrai visage d’hypocrite. Rien que pour cela l’action de Monsieur Mouen a été fort instructive. Qu’il en soit remercié ! Mais, par ailleurs, je crains fort que les promesses du préfet pour organiser des consultations n’aboutissent qu’au même néant que les EGOM (états généraux de l’outre-mer) de 2009. Cela fait partie de la boîte à outils de tout dirigeant : un problème se pose ? Créez une commission qui honorera ses participants et permettra de noyer le poisson en douceur. Ceci dit je ne suis pas volontaire pour faire une grève de la faim pour empêcher l’organisation de ses rencontres coûteuses et inutiles.

     

    Charles Durand

     

    Le Brûlé – Saint-Denis

    « Peut-on bénir des mariages homos ?04.08.2013 - Abolir le privilège des 30%. »

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :