• Le petit tangue m’a dit…

    Ce matin, un petit tangue a pointé son petit nez dans ma cour. Piqué par sa présence insolite, je ne pus m’empêcher de m’exclamer à voix haute : « Mais…que fais-tu là, petit tangue ? ». D’une petite voix fluette, il me répondit : « Vieil homme, je suis venu me réfugier dans ta cour avec ma famille ». Tout surpris de comprendre le langage « tangue », j’engageais la conversation : « Petit tangue, c’est une drôle d’idée de venir s’installer dans la cour d’un vieil homme ! ». Alors, pris d’une logorrhée inextinguible, il débita tout ce qu’il avait sur le cœur : « Tu vois vieil homme, ta cour est très loin de la terre de mes ancêtres, mais ton grillage me protège des chiens du voisinage tout en me permettant de me faufiler entre ses mailles. Nous étions heureux et tranquilles depuis des milliers d’années avec nos amis les paille-en-queue, les papangues, les tuit-tuit et tous les animaux venus se réfugier sur cette terre émergée des abymes sous-marins. Mais toi et tes congénères êtes arrivés et avez entrepris de tuer la nature. Les dodos ont disparu, vous avez tué bien d’autres espèces en défrichant et vous avez amené plein de plantes et d’animaux malfaisants et envahissants. Moi-même, je suis chassé et en voie d’extermination sous prétexte de tradition. La vie dans les Hauts est devenue impossible. Le bruit quotidien des grosses libellules métalliques est terrifiant. Les hordes d’humains qui piétinent nos territoires, surtout en octobre, effraient les oiseaux et nous aussi. Vous provoquez des incendies en faisant du feu en forêt et vos pique-niques sèment des tas de déchets, ça C.MAC-kot. Depuis quelque temps, quelques humains agités brandissent de soi-disant traditions pour perpétuer leurs propres turpitudes. Cultures imprudentes, élevages dangereux, commerces ambulants polluants. Vous ne respectez pas plus l’océan qui nous entoure et vous transformez les côtes en désert naturel, là encore sous prétexte de traditions. Ces traditions C.Mac-kiyaz pour cacher tout C.Mac-krotaz. Alors, tu vois, vieil homme, les endroits où la nature est respectée deviennent rares et vous devez la protéger, nous protéger, vous protéger. Moi, ma tradition de tangue, c’est ce que les premiers hommes ont découvert sur la Dina Morgabin : mais il est bien loin notre paradis ! ». Époustouflé par cette tirade, je mis quelques secondes pour reprendre mes esprits et répondre au petit tangue : « Si je te comprends bien, petit tangue, tu veux dire que quelques intérêts particuliers utilisent des traditions imaginaires pour poursuivre la destruction de la nature en oubliant l’intérêt collectif… ». Mais le petit tangue avait disparu subrepticement dans les calumets.

    Le vieil homme qui parlait à l’oreille des tangues.

    Charles Durand.

    Le Brûlé - Saint-Denis

    « Élus : menteurs toujours, voleurs souvent.Parc national : que de contradictions ! »

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